• Un des arguments favoris des tenants de la gauche prétendument "radicale", des pseudo-anticapitalistes, des antilibéraux, et des Keynésiens de Gauche (Front de Gauche, Attac, économistes atterrés), consiste à affirmer que le taux de profit moyen ne diminue pas, et que la crise n'est que le résultat d'une prédation avide et féroce de la part de la classe capitaliste. En cela, il ne serait nulle besoin de nous émanciper de l'économie capitaliste, de la propriété privée, de la marchandise, de la monnaie-argent, du profit, il suffirait de les contrôler, de les réguler correctement et de limiter la prédation capitaliste, pour que reparte la croissance, la prospérité, l'age d'or altercapitaliste post-30 glorieuses.

    Pour infirmer la thèse de la tendance à la baisse du taux de profit moyen, ces courants de la gauche réformiste dite "radicale" se réfèrent, entre autres, aux travaux de Michel Husson, ce dernier affirmant, à l'inverse, que le taux de profit moyen est en hausse permanente depuis les années 80.

    L'article que nous reproduisons ici à pour objet de développer la critique et de pointer les limites des thèses optimistes de ce dernier.

    ***

    Ce texte est une nouvelle contribution au débat lancé par l’article d’Alain Bihr intitulé «Le triomphe catastrophique du néolibéralisme»[1]. Je rappelle que dans cet article, Alain Bihr soutient que la crise déclenchée en 2007-2008 est une crise de réalisation résultant d’un «excès de plus-value» dont le corollaire est une insuffisance des salaires donnant lieu à une sous-consommation des salariés. Dans un article intitulé «La récession mondiale: moment, interprétations et enjeux de la crise»[2], François Chesnais a caractérisé cette thèse d’une «plus-value en excès» comme un renversement de la compréhension du capitalisme héritée de Marx, selon laquelle le capital se heurte non pas à un excès mais à une insuffisance chronique de plus-value dont la tendance à la baisse du taux de profit est la manifestation.

    Dans une réponse à François Chesnais intitulée «À propos d’un excès de plus-value», Alain Bihr soutient qu’il n’y a pas de contradiction à parler de l’existence simultanée d’un défaut de plus-value par rapport à l’ensemble du capital, et d’un excès de plus-value dans l’ensemble de la «valeur ajoutée», les deux phénomènes représentant les deux faces différentes de la crise: crise de valorisation sous la forme de la baisse tendancielle du taux de profit et crise de réalisation résultant de l’insuffisance de la demande finale issue des salaires. Dans le numéro 40 de Carré Rouge où cet article d’Alain Bihr a été publié, ont également paru mon article «À l’origine des crises: surproduction ou sous-consommation» et celui de François Chesnais, «Pas de limites pour le sauvetage des banques… ».

    Deux répliques ont suivi, celle d’Alain Bihr, «Pour une approche multidimensionnelle des crises de la production capitaliste»[3], et celle de Michel Husson, «Le dogmatisme n’est pas un marxisme»[4]. Enfin, Michel Husson a publié en décembre 2009 un texte intitulé « La hausse tendancielle du taux de profit»[5] dans lequel il reconnaît ses erreurs statistiques de l’article précédent et procède à des révisions statistiques et théoriques qui prétendent démontrer sa thèse d’une tendance à la hausse du taux de profit, le capitalisme pouvant être en crise, selon lui, «alors même qu’il bénéficie de taux de profit très élevés». Je réagis à ces textes dans la présente contribution.

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