Le capitalisme n’est aujourd’hui toujours pas sorti de la crise structurelle dans laquelle il est entré au milieu des années 1970, ce qui en fait d’ores et déjà la crise la plus longue de son histoire pluriséculaire. La mise en œuvre méthodique par la grande majorité des Etats (notamment des Etats centraux) tout comme par les instances de gouvernance supranationales (FMI, OMC, Banque mondiale, Union européenne, etc.) des politiques néolibérales a certes permis à partir des années 1980 de redresser significativement la profitabilité du capital, au moins au sein des grands groupes industrialo-financiers opérant sur le marché mondial. Mais elles ont ainsi instauré un régime d’accumulation à dominante financière et à faible régulation fondamentalement instable, la poursuite de l’accumulation venant périodiquement se heurter à l’insuffisance de la demande finale (du fait en dernière instance de la croissance insuffisante, de la stagnation voire de la régression des salaires réels).
Du coup, elles ont aussi donné naissance à des emballements non moins périodiques de la spéculation (au gonflement du capital fictif venant relayer la croissance poussive du capital réel), soit à la constitution de bulles éclatant en de retentissants krachs – la crise dite des prêts subprime (2007-2009) n’étant que le dernier épisode en date de ce processus. A chaque fois, le sauvetage de la partie du capital financier ainsi failli se fait au détriment des finances publiques (dont la situation en conséquence s’est dramatiquement aggravée) et du capital industriel et commercial, conduisant à de nouvelles vagues de licenciement, de nouvelles agressions contre le salariat (niveau des salaires directs et indirects, conditions d’emploi, conditions de travail). Et les effets de l’austérité budgétaire se conjuguant du coup à ceux de l’austérité salariale pour aggraver la crise chronique due à l’insuffisance de la demande finale, ce parfait cercle vicieux prépare en conséquence de futurs épisodes de crise budgétaire et financière et accroît la nécessité pour le capital (entreprises et gouvernants) de s’en prendre encore plus durement aux salariés et, plus largement, aux couches populaires, en dégradant davantage encore leurs conditions d’existence et en réprimant plus durement toute résistance de leur part1.