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Dénoncer les 1% les plus riches : une critique impuissante pour transformer la société !
Depuis longtemps déjà, nous entendons parler des 1% les plus riches qui détiendraient 50% des richesses mondiales. Les richesses seraient ainsi mal réparties et il suffirait de triompher d'une infime minorité de la population pour pouvoir les redistribuer et tout remettre dans l'ordre. Une telle conception pêche à deux niveaux. La première est qu'elle entretient l'illusion selon laquelle les crises du capitalisme viendraient de la sous-consommation des masses. La seconde est qu'elle pense l'émancipation comme confrontation avec la domination d'une minorité plutôt que comme procès d'auto-émancipation de classe. Changer la société suppose de surmonter ces deux obstacles !
Le fait de penser qu'une meilleure répartition des richesses suffirait à régler les problèmes de la pauvreté, augmenter la consommation et éviter la surproduction, est monnaie courante à gauche depuis bien longtemps. Il est certes vrai que le néolibéralisme à été l'occasion pour la bourgeoisie de relancer artificiellement une accumulation à bout de souffle, ceci au prix d'une baisse du pouvoir d'achat et d'une crise de réalisation de la valeur (trop peu de consommation par rapport à la production). Les marchés ne se sont pas suffisamment étendus et il est devenu moins intéressant pour les capitalistes d'investir dans l'économie réelle que sur les marchés financiers. Les capitalistes ont donc accumulé du capital fictif, de l'argent qui ne peut être investi productivement dans l'économie. Il serait donc possible, dans une certaine limite, de réinvestir cet argent accumulé improductivement dans l'économie réelle et ainsi redresser le pouvoir d'achat. Mais on en reviendrait alors simplement à une situation de capitalisme à bout de souffle en termes de dynamique d'accumulation, donc à une crise de valorisation du capital, se manifestant par la baisse du taux de profit, la tendance à la surproduction de marchandises invendables et à l'effondrement de la masse de valeur produite.
Ne pas confondre richesse réelle et richesse spéculative
Une redistribution des richesses est donc conjoncturellement possible. Mais se baser sur la réappropriation des richesses des seuls 1% serait limité. La richesse détenue par les seuls 1% apparaît démesurée parce qu'elle est caractérisée par de la richesse fictive (actions obligation, patrimoine), artificiellement gonflée par des logiques spéculatives. Si demain, ces "richesses" étaient redistribuées, une grande partie de leur valeur pourrait s'effondrer. Ainsi, si l'objectif est de mettre en place un SMIC à 1500, 1700, 2000€ net mensuel, il ne s'agirait pas de seulement faire les poches aux seuls 1%, mais de limiter les revenus maximums à des niveaux comme 20, 5 ou 4 fois le SMIC.
La répartition des richesses est insuffisante pour venir à bout des crises du capitalisme
Envisageons un instant que l'on parvienne à redistribuer toutes ces richesses, à limiter au plus possible les hauts revenus et remonter d'autant le smic, bref égaliser les différences de richesses, mais aussi à répartir autrement, de manière moins monopolistique les titres de propriété et donc les revenus patrimoniaux et actionnariaux... Imaginons, de plus, que les entreprises capitalistes deviennent des coopératives de production dont les salariés devineraient les propriétaires-gestionnaires-actionnaires.
Il n'en demeurerait pas moins que ceci n'empêchera ni la paupérisation, ni le chômage, ni les faillites, ni les crises commerciales, ni la tendance à la baisse du taux de profit et l'effondrement de la masse de valeur produite. Ceci parce que la cause de ces problèmes est double. Elle réside d'une part dans l'élévation de la composition organique du capital (la part de "travail" réalisée par les machines qui réduit la quantité de travail vivant contenue dans les marchandises), donc la valeur produite qui tend vers 0, mais dont l'évolution asymétrique provoque la faillite des unités de production devenue improductives par déclassement technologique et donc le chômage de masse. Elle réside d'autre part dans la contradiction entre le caractère social et privé de la production, impliquant que chaque producteur doit parvenir à vendre ses marchandises pour pouvoir acheter d'autres marchandises en retour et satisfaire ses besoins, mais qu'il n'est pas garanti d'y parvenir. En effet, les consommateurs ont le "choix" d'acheter ou non ses produits ; d'autre part, le producteur n'est pas seul sur le marché, ce qui implique que les consommateurs ont le choix d'acheter les produits de ses concurrents directs ou indirects. Le producteur n'est donc pas garanti de vendre sa production, ni de la vendre dans les temps, en quantité suffisante, et à un prix suffisant pour pérenniser son activité et assurer sa consommation personnelle. Ceci constitue la racine fondamentale de toutes les crises pouvant apparaître dans une société où l'échange marchand est généralisé et où, de fait, l'accumulation du capital devient une nécessité pour se maintenir face aux concurrents.
Bien plus que répartir les richesses : socialiser les moyens de production !
Se focaliser sur une injuste et démesurée répartition des richesses est à long terme une impasse. Ceci ne nous permettra pas de nous prémunir de crises, dont l'intensité risque d'ailleurs de croître encore du fait de l'imbrication avec la crise écologique. Il faut se concentrer sur la réappropriation collective et démocratique des moyens et production et du pouvoir de décision, dans un premier temps entreprises par entreprises, puis réunifier ensuite toute la production coopérative à l'échelle de la société. C'est à parti de cette base qu'il sera possible de vraiment répartir les richesses réelles de manière plus égalitaire et plus juste, et dans le même temps de procéder à la transition écologique.
« L'erreur stratégique de la NUPES - ECR soutiendra le NPASoutien aux candidatEs de rupture de la NUPES, candidatures autonomes : le positionnement du NPA - l'Anticapitaliste 02/06/2022 »
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