• Dossier présidentielles 2017 : La crise économique

    Il est clair que les partis politiques qui présenteront des candidats à la présidentielle ne seront pas en mesure d’apporter des réponses satisfaisantes aux enjeux de notre époque. Autant les politiques menées au niveau de l’Etat ne peuvent avoir d’impact réel si elles ne sont pas menées de manière coordonnée avec celles d’autres Etats ; autant les hommes politiques les plus à même de gagner les élections participent de réseaux d’intérêts, et plus largement sont agents les exécutants d’une classe dont les intérêts divergent avec les nécessités de notre époque ; autant les décisions sociales sont dictées par des dynamiques économiques qui lui sont extérieures et s’imposent à elles. La réponse ne pourra venir que d’en bas, de la capacité de la société à s’organiser indépendamment du politique et de ses institutions.

    Notre époque est traversée par des crises multiples

    La société subit actuellement toute une série de crises économiques, écologiques, sociales, culturelles, et politiques. Les partis politiques candidats à l’élection sont soit incapables de reconnaître ces problèmes, soit incapables de formuler des solutions réellement efficaces, soit incapables de les mettre en pratique. Pourtant, des solutions existent. Encore faut-il comprendre les causes du problème et être prêts à opérer les changements qui s’imposent.

    Une critique systémique de l’économie capitaliste et de ses crises

    La structure du capitalisme

    La propriété privée des moyens de production

    Le capitalisme est un système qui repose sur la propriété privée des moyens de production. Il apparaît comme l’agrégation d’une myriade de producteurs privés, poursuivant leurs projets privés et prenant des décisions privés, sur la base du droit de propriété dont ils disposent sur les moyens de production.

    Cependant, les biens particuliers qu’ils produisent n’ont pour eux aucune utilité pratique. Elles ne permettent pas aux producteurs (patrons et salariés) de satisfaire l’ensemble de leurs besoins. Leur seule utilité est alors d’être échangée contre d’autres biens.

    La socialisation de la production capitaliste : la Marchandisation

    A mesure que s’est développée la production privée, au détriment de l’auto-production, s’est développé la marchandisation. Le marché est un espace au sein duquel l’ensemble des biens produits sont mis à disposition de l’ensemble des consommateurs. La présence des biens sur les marchés est ce qui définit le caractère social de la production capitaliste. Mais avec le capitalisme, les biens sont mis à disposition de la société sous une forme bien particulière : celle de marchandises. Les biens n’y sont pas distribués sous forme de don, de prise sur le tas, de rationnement ou de troc. Ils sont échangés contre une certaine somme d’argent. Ainsi pour accéder au marché, les acheteurs doivent avoir de l’argent.

    Comment se procure-t-on de l’argent ? En produisant des biens qui seront vendus, les banques centrales ayant en charge d’émettre de la monnaie, les banques commerciale de l’introduire dans l’économie. Ainsi peut s’effectuer la circulation des marchandises, et en sens inverse, de la monnaie. Reste à comprendre comment se détermine la valeur des biens sur le marché.

    La concurrence

    Avec le marché se développe plusieurs formes de concurrence. Les producteurs privés se retrouvent confrontés à d’autres producteurs privés, qui vont tenter eux aussi de vendre des marchandises similaires. Les acheteurs se retrouvent face à d’autres acheteurs qui vont tenter également d’acheter les mêmes marchandises qu’eux. Enfin, l’ensemble des consommateurs fera face à l’ensemble des producteurs (qui ne sont autres que les mêmes personnes, mais de l’autre côté du rapport d’échange), pour la détermination des prix les plus avantageux (les plus bas possibles pour les consommateurs, les plus élevés possibles pour les producteurs). C’est ce que l’on appelle le « jeu de l’offre et de la demande ». Les prix ne sont donc pas « librement déterminés », mais définis par des rapports sociaux, ici concurrentiels.

    La valeur des biens

    A mesure que se développe la socialisation marchande de la production, et donc la concurrence, les rapports de négociation interpersonnels, que l’on pouvait retrouver dans le troc et les échanges directs, laissent place à une logique sociale des échanges. Il s’agit là d’une logique de synthèse de l’ensemble des biens vendus aux prix auxquels ils sont vendus. Il se développe un certain contrôle social des prix, du fait que tous les vendeurs et tous les acheteurs sont témoins du prix auquel les marchandises sont proposées. Ceci est valable aussi bien pour une même marchandise qui sera proposée à une multitude d’acheteurs potentiels, que pour un même type de marchandises, proposée aux acheteurs par plusieurs producteurs différents. Cependant, ceci ne nous dit pas comment est calculé ce prix.

    Le secret de la valeur : le temps social moyen de production

    Comment il l’a été expliqué précédemment, les producteurs produisent des marchandises non pas pour leur consommation personnelle, mais pour les échanger contre de l’argent, puis contre d’autres marchandises. Ils doivent ainsi vendre la production à un prix qui leur permettra d’acheter les marchandises nécessaires pour leur consommation personnelle – et de racheter des outils de production pour produire de nouvelles marchandises et gagner à nouveau de l’argent. Le temps de production est donc déterminant. Cependant, du fait du caractère social de la production, donc de la présence de concurrents sur le marché, un producteur ne pourra vendre ses produits plus chers que la moyenne des prix auxquels sont vendus ces types de produits. Il devra donc produire plus, donc travailler plus longtemps et/ou, surtout plus vite. La valeur correspond donc non pas au temps de production des marchandises, mais à la moyenne du temps qu’il faut dans la société, pour produire une certaine quantité de marchandises, c'est-à-dire au « temps social moyen de production ».

    Ici, le progrès technique prend une place prépondérante. Plus on dispose de machines permettant de produire en masse et plus rapidement, plus on est avantagé dans une société fondée sur la propriété privée des moyens de production et la distribution marchande des produits réalisés. A mesure que la productivité se développe, sont progressivement éliminés de la concurrence les entreprises les mois productives et ne restent que les entreprises les plus productives. L’augmentation continue de la productivité constitue donc un enjeu crucial pour les producteurs privés sous peine de faillite. Ainsi, accumuler de l’argent pour être toujours en mesure d’acheter des moyens de production plus performants devient une nécessité.

    Quand la valorisation domine la marchandisation

    De là, et si l’on ajoute à cela la tentation individuelle d’une plus grande opulence dans la consommation, de s’élever au dessus de la masse pour le prestige sociale, et/ou l’obtention d’un pouvoir politique, la logique de marchandisation, consistant à échanger des marchandises contre de l’argent (M-A-M), pour obtenir des marchandises se reverse. Devient alors prédominante la logique de valorisation, c’est-à-dire, de produire des marchandises pour les échanger contre de l’argent, pour ainsi produire plus de marchandises, obtenir plus d’argent (A-M-A’), et ce dans un cycle sans fin. Il s’agit là de l’essence même du capitalisme, de son but fondamental. C’est ce qui le distingue des modes de production qui lui ont préexisté. Cependant, si l’on comprend que la valorisation du capital est but d’une société capitaliste, il faut maintenant comprendre comment une somme d’argent initialement investie peut se convertir en une somme d’argent augmentée, c'est-à-dire comment se forme le profit capitaliste. On pourrait penser, en fonction de ce qui a été expliqué concernant la concurrence et la productivité, qu’elle provient des parts de marché que les entreprises les plus productives prennent à celles qui le sont le moins. Seulement, avec une telle hypothèse, dans les situations où le progrès technique stagne relativement, comment se fait-il qu’il y ait encore des profits ? Et surtout, comment se fait-il que même les entreprises les moins productives génèrent également des profits, plutôt que de faire faillite immédiatement ? L’augmentation de la valeur (appelée « survaleur » ou « plus value ») ne peut donc être expliquée par les surprofits résultants des avantages concurrentiels permis par l’inégalité productive.

    Le secret de la plus value

    La valeur des marchandises dépend, en premier lieu, du travail humain. Ceci est valable aussi bien pour les biens et services destinés à la consommation personnelle, que pour les moyens de production. Sans cela, elles n’auraient ni prix ni valeur. La valeur se rapporte donc toujours au travail humain, même dans le cas où la production est entièrement effectuée par des machines. Dans ces cas, on calcule les coûts de la production machinique en rapport avec les coûts d’une production qui emploie des salariés, on vend les marchandises ainsi produites à des prix en relation (identiques ou inférieurs) avec ceux des marchandises similaires ou proches, ou comparables. Donc sans travail humain, pas de base de comparaison permettant de déterminer valeur et prix.

    Si l’on considère que les prix moyens sont déterminés par le marché, un producteur isolé ne peut pas vendre sa production au-delà de ce prix, sous peine de ne pas vendre ses marchandises. Les producteurs sont mêmes poussés, du fait du progrès technique, a vendre les biens à l’unité de moins en moins chère, donc de produire davantage pour gagner la même somme. L’augmentation de la valeur se produit donc au moment de la production, et non de la vente.

    Pour la production, sont achetés des moyens de production : machines, matières premières, infrastructures, moyens de transports, etc. (le capital constant) et de la force de travail (le capital variable). La force de travail correspond au travail salarié. Le salariat à été rendu possible par l’expropriation de petits producteurs agraires. Dépossédés de leurs terres, ne disposant plus des moyens d’autoproduire, ils devaient vendre leur force de travail aux grandes concentrations agraires, puis industrielles, afin d’obtenir de l’argent et ainsi accéder aux marchandises produites. Le salariat diffère du rapport d’exploitation esclavagiste, qui impliquait que la personne était vendue à un propriétaire qui avait la charge d’entretenir son esclave. Avec le salariat, le prolétaire (celui qui ne dispose pas de moyens de production et n’a à vendre que sa force de travail), loue sa force de travail au propriétaire capitaliste durant une durée déterminée. Après quoi, il rentre chez lui, et doit se débrouiller avec l’argent qu’il a gagné pour subvenir à ses besoins et ceux de ses proches. Avec la location de la force de travail, le propriétaire capitaliste décide du temps durant laquelle il la loue, des horaires, des méthodes, du rythme, du salaire auquel il la rémunère, de la durée du contrat, de sa possible interruption. Il peut ainsi décider de faire travailler le salarié plus longtemps, plus vite, sans le payer davantage (c’est en cela que la force de travail est un capital « variable »). Il peut exploiter le salarier : le payer en dessous de la valeur qu’il a produit, ou, vu sous un autre angle, en le faisant travailler davantage sans pour autant le rémunérer en conséquence (surtravail). Se dégage alors une plus value. En effet, le prix de vente des marchandises (prix de production) est alors supérieur au coût de production, car le travail effectué par les salariés n’est pas entièrement rémunéré.

    La répartition de la plus value

    C’est cette plus value que le capitaliste empoche sous forme de profit. Cependant, il ne l’empoche pas entièrement pour lui-même, ni ne l’utilise entièrement à des fins personnelles. Il doit d’abord payer la rente foncière, les prêts bancaires et intérêts, les taxes de l’Etat et des collectivités territoriales, verser leurs dividendes aux actionnaires. Ensuite, s’il souhaite que son entreprise reste « compétitive », il doit utiliser une partie de ses profits pour les investir dans des machines plus performantes (consommation productives) avant de penser à dépenser son argent dans des marchandises (de luxe), à le placer en banque ou dans des actions.

    Des conditions harmonieuses jamais réunies

    Le capitalisme se développe sur la base d’une série de déséquilibres multiples et récurrents. Tout d’abord, pour que la valeur et la plus value se réalisent, il faut que les marchandises soient vendues, et le soient à temps et à un bon prix. Ensuite, il lui faut employer un maximum de force de travail et la rémunérer à un prix qui, dans le même temps permet que les salariés achètent l’ensemble des marchandises produites et qu’il y ait une accumulation suffisante pour financer la reproduction élargie du capital (une augmentation du nombre de moyens de production employés, des marchandises produites, pour compenser la baisse des coûts unitaires). Il faut encore que la qualification de la force de travail et que sa localisation géographique corresponde avec les bassins d’emploi, pour s’adapter aux transformations de la nature de l’emploi, et éventuellement à une réduction du temps de travail permettant une nouvelle répartition harmonieuse des tâches. Il faut enfin assurer l’équilibre entre production de moyens de production et production de biens de consommation et services, et entre nature de la production et nature des besoins des consommateurs. Il lui faut également contrôler l’émission de la masse monétaire pour éviter les phénomènes d’inflation ou de déflation trop importants, anticiper sur la réussite des entreprises pour accorder des crédits – avec des taux d’intérêts adaptés – qui seront remboursés. Or le capitalisme est structuré de telle manière que ces conditions ne sont jamais réunies, favorisant l’arrivée des crises.

    Les crises du capitalisme

    Les crises du capitalisme ont la particularité de se manifester sous la forme de crises de surproduction. A un moment donné, il y a trop de marchandises produites par rapport à la demande solvable (le nombre de personnes ayant les moyens et l’envie de les acheter). La pauvreté d’une partie – plus ou moins importante – de la population, fait face à l’amoncellement d’une immense quantité de marchandises invendables. Avec la baisse de la demande, les entreprises diminuent la production et licencient du personnel, ou diminuent les salaires, certaines font faillite. Les baisses de salaires et la montée du chômage diminuent encore la demande, ce qui affecte encore d’autres entreprises. La crise s’aggrave alors. Et le phénomène se prolonge jusqu'à une éventuelle reprise, c'est-à-dire lorsque des investisseurs aventureux ayant suffisamment accumulé se lance dans la production, ce qui entraine des créations d’emplois, et fait remonter la demande.

    La crise commerciale

    La propriété privée et la distribution marchande de la production impliquent que les marchandises doivent être vendues, et doivent l’être dans les délais et à un prix suffisant pour rentabiliser la production et assurer un profit. Or ces conditions ne sont pas garanties. La réalisation de la valeur est ainsi « accidentelle ». Or des entreprises qui n’arrivent pas à vendre – à vendre suffisamment, assez rapidement, et a un prix rentable – entrainent des baisses de salaires, des licenciements, voire la faillite. Ces difficultés peuvent se répercuter sur les autres entreprises, ce qui entraine des crises.

    La disproportion entre les sections productives

    Avec le ralentissement des ventes des biens et services de consommation survient un ralentissement de la production. La baisse de la demande solvable entraine une baisse de la demande chez les distributeurs de biens et les prestataires de services. Celle-ci se répercute sur la production industrielle de biens de consommation. Il en résulte que les machines s’usent moins vite et que les ressources sont moins rapidement consommées. La crise s’étend alors aux producteurs de moyens de production : de machines et de matières premières, et touche dont l’ensemble des secteurs de la production et de la distribution.

    Le phénomène inverse peut se produire : trop peu de moyens de production produits entraine un ralentissement générale de la production – matières premières, ressources, biens de consommation – s’étendant ensuite aux services et à la distribution. Mais dans ce sens la crise peut être vite résorbée, car le manque de moyens de production et de ressources attire des investisseurs qui y voient de nouveaux marchés à conquérir et donc une opportunité de réaliser des profits. A moins d’une pénurie de ressources pour des raisons écologiques : épuisement des réserves de minerai ou d’énergie, ou d’une réglementation en limitant l’extraction – ce qui prolongerait et approfondirait la crise.

    Les Crises Monétaires – Bancaires

    Avec les difficultés commerciales, les paiements deviennent plus aléatoires, ils se font à retardement, et les capitalistes éprouvent des difficultés à rembourser les dettes. L’argent semble se raréfier. Se développe la peur de prêter à perte (capitalistes et banques). Les capitalistes cherchent des moyens d’achat et de paiement notamment auprès des banques, mais du fait de la crise commerciale, ni les capitalistes privés, ni les banques ne sont très enclins à accorder des crédits.

    La crise apparait comme manque de liquidités – on a l’impression qu’il suffirait de les augmenter : de faire plus de crédits, de faire fonctionner la planche à billets, ce qui est faux.

    Les capitalistes ayant trop commercé à crédit, ils découvrent que leurs productions et commerces à crédit ne représentaient rien, qu’il s’agissait de valeur fictive. Les crédits non solvables perdent leur valeur monétaire et sont détruits – entrainant une perte pour le créancier.

    La pénurie d’argent entraine une hausse des taux d’intérêts, qui est d’autant plus problématique qu’elle est corrélée à la baisse du taux de profit.

    Les détenteurs de crédits partent en quête d’argent réel (monnaie métallique, ou billets) en tentant de les revendre. Les banques sont prises d’assaut et l’on se rend compte qu’il n’y a pas assez de monnaie réelle crée pour tout le monde.

    Il en découle : 1 une dévalorisation des  marchandises, une chute des prix, 2 une dévalorisation de la monnaie de crédit (actions et obligations), 3 une ruée sur les moyens monétaires.

    En définitive, les difficultés monétaires découlent des difficultés de l’économie réelle. Aucune banque n’à le pouvoir ni pour fonction d’acheter les marchandises invendables – de valider le caractère social de la production (privée) – d’autant plus s’il s’agit de marchandises fictives. Dans ce cas elle dévaloriserait la monnaie – ce qui entrainerait une immense vague d’inflation (hausse des prix). Le rôle des Banques centrales se limite à injecter de la monnaie (pour ne pas léser les capitalistes actifs), mais pas trop (pour éviter l’inflation et soutenir des capitalistes en faillite).

    Les banques sont des outils prisonniers entre deux fonctions de la monnaie : circulation de la valeur et incarnation de la valeur/moyen de réserve. Cette contradiction renvoie à celle entre les deux dimensions de la production capitaliste : travail privé et validation sociale.

    Les Banque centrales ne peuvent que contrôler la masse de monnaie en circulation, détruire les crédits excédentaires, faire varier les taux d’intérêts, en vouant une partie du capital à la faillite. Elles ont en définitive un rôle en définitive de gestion du mode et du rythme de la crise, ni plus, ni moins.

    Les Crises Financières - Boursières

    Les crises financières viennent du fait que trop de titres de propriété et de crédits ont été créés et mis en circulation. Il y a eu trop de promesses de valeurs futures (infondées) par rapport aux possibilités de valorisation réelles, trop de capital fictif crée sur la base de la capitalisation des revenus de ces titres, trop de spéculation sur ces derniers (hausse des cours sans rapport avec leur valeur réelle, ce qui aboutit à la création de bulles spéculatives).

    Les crises financières traduisent le fait que le capital réel ne parvient pas à se valoriser, du moins pas suffisamment. Les titres sont alors des valeurs en cours de dévalorisation (valeur en baisse) ou des valeurs fictives (déjà sans valeur ou à une valeur inférieure au prix de marché). Comme la formation du capital fictif, achat de titres, spéculation, s’est effectuée à crédit, la crise financière se double d’une crise monétaire, ce qui implique donc une crise du crédit. Il s’ensuit une volonté de brader les titres de propriété et de les convertir contre de l’argent réel. En conséquence, se produit une destruction d’une bonne partie du capital financier (se retrouvant sans valeur).

    Il existe deux types de crises financières :

    Les crises purement financières

    Elles reposent sur une anticipation de la hausse de la valeur de marché, d’une hausse des revenus des titres de propriété, et/ou des baisses de taux d’intérêt. Il s’ensuit des achats massifs de titres de propriété et des recours important au crédit. Ceux-ci provoquent une hausse des cours, donc des prix des titres de propriété, encourageant la spéculation. Mais on s’aperçoit que ces anticipations étaient infondées : les revenus des titres sont plus bas que prévus, voir nuls. Les taux d’intérêts sont maintenus ou augmentés. Il apparaît que les cours sont surévalués. C’est le moment du Krach – éclatement de la bulle spéculative : chute des cours, destruction de capital fictif. Ceci entraine la ruine de spéculateurs et de financiers. Ces conséquences rejaillissent sur l’économie réelle : diminution de la solvabilité des capitalistes actifs détenant en même temps du capital fictif, contraction de l’échelle de reproduction du fait des pertes financières. Le capital bancaire est mis à mal (a cause des crédits pour les achats d’actions ou d’obligations peu ou non solvables, à cause du fait que les banques se sont lancées elles-mêmes dans la spéculation). Il s’ensuit une destruction d’une partie du capital bancaire : faillites de banques, réduction du capital bancaire des autres – qui doivent utiliser une partie de leurs fonds pour éponger les dettes. Les possibilités d’obtenir de l’argent pour les capitalistes actifs se réduisent alors. Les crises financières ne sont donc pas sans impact sur l’économie réelle. Au contraire, elles révèlent ses difficultés au grand jour.  

    Les crises financières comme moment et développement de la crise structurelle.

    La Crise réelle consiste dans une dévalorisation du capital, une destruction du capital, et une destruction des titres de propriété associés (capital fictif).

    Du point de vue financier, on constate que la valeur de marché des titres est nulle, fictive. Ce phénomène tend à affecter la valeur de l’ensemble des titres. La baisse des revenus des titres est en correspondance avec la baisse du taux de profit. Se développe une hausse du taux d’intérêt à cause de la pénurie de capital argent. On assiste à une vente massive de titres de propriété par les détenteurs qui cherchent à rester solvables, à se procurer des moyens de paiement immédiatement (métallique et billets), ce qui entraine une chute des cours, une panique boursière. L’ensemble du marché est alors affecté. La destruction de capital fictif devient plus massive, s’opère à une échelle plus grande, avec des conséquences sur l’économie réelle plus graves. Les pertes financières des capitalistes actifs compromettent davantage leur solvabilité. Le système bancaire se retrouve plombé par une masse plus importante de titres de propriété sans valeur, qui sont autant de dettes. Il s’ensuit une réduction des prêts, une hausse des taux, au moment ou beaucoup de capitalistes auraient besoin de crédits et de taux bas. La crise financière s’aggrave de nouveau.

    Comme pour la crise industrielle, la crise financière est l’occasion d’une brusque concentration-centralisation du capital. La baisse des cours  est l’occasion pour les capitalistes « en bonne santé » de racheter à très bas prix les titres et le capital.

    Crise industrielle, de valorisation du capital – baisse tendancielle du taux de profit

    Plus la productivité technique progresse, plus la part de travail mort (effectué par les machines) augmente par rapport à celle du travail vivant. Or comme le profit provient du travail vivant, effectué par les salariés, plus la part de travail mort augmente – mais aussi plus le nombre de salariés dans les entreprises diminue – plus la valeur produite par bien à l’unité diminue, plus le taux de profit tend à chuter.

    La baisse du taux de profit est un mauvais signe pour les investisseurs, un signe que la production ne sera pas rentable, que la crise se rapproche et qu’ils risquent d’investir à perte. Les investisseurs gardent ainsi leur argent, tandis que la crise se prépare, s’enclenche, voire se poursuit. On parle ainsi de suraccumulation financière.

    La crise de valorisation tend à enclencher une tendance d’un côté, à la suraccumulation des moyen de production (sous-utilisation de capacités de production, usure moins rapide, étendant la crise à la section de la production de moyens de production), et d’autre part, d’argent ne pouvant être réinvesti de manière rentable dans la production (d’où une tendance à la thésaurisation et à la spéculation, aux bulles financières et a leur éclatement dans des krachs boursiers).

    Il existe bien des contre tendances à la baisse tendancielle du taux de profit. Tout d’abord, les économies en capital constant : baisse des coûts des matières premières, baisse des coûts des machines (notamment capitalisme monopolistique d’Etat et impérialisme). Ensuite, les économies en capital variable : baisse des salaires (notamment indirects, allongement de la durée du travail). Citons encore  les monopoles ou oligopoles, du fait qu’ils sont en capacité relative d’imposer leurs prix (relative car absence de concurrents au niveau des entreprises, mais tension commerciale avec les consommateurs, qui cherchent à les faire baisser), permettent de ralentir la baisse des taux de profits. Enfin, la suppression de certaines destinations de la plus value (rente foncière, prélèvements étatiques) permet également de faire remonter le profit industriel et commercial. Il existe également des moyens de compenser la baisse du taux de profit par l’extension de la masse de valeur produite (exportations, obsolescence programmée, innovation de produits). Cependant, la baisse du taux de profit ne peut être évitée à long terme, tout comme la crise qui en découle.

    Les manifestations violentes de la crise – surproduction, destruction du capital excédentaire (marchandises invendables, moyens de production socialement obsolètes, faillites d’entreprises) – sont l’occasion d’une brusque concentration-centralisation du capital (les capitalistes propriétaires des entreprises les plus productives encore en course de racheter le capital en faillite à un prix moindre, et ainsi de s’étendre. Cependant, ce processus, relançant ponctuellement la dynamique d’accumulation du capital, ne fait que reporter les problèmes à une échelle toujours plus grande, que créer les conditions de crises encore plus généralisées et encore plus violentes.

    La crise actuelle

    De ce point de vue, la crise actuelle relève d’une accumulation et d’une alternance des différentes formes de crises du capitalisme. Ce qui est apparu au grand jour comme une crise bancaire et financière n’est que la surface apparente d’une crise bien plus profonde, qui puise ses racines, d’une part, dans les difficultés commerciales de toute économie de marché généralisée (crise commerciale), et d’autre part, dans les difficultés accrues de valorisation du capital (crise de valorisation, baisse tendancielle du taux de profit), depuis la fin du Fordisme (des grandes concentrations ouvrières avec de bons salaires).

    Le mode de production capitaliste est en crise depuis le milieu-fin des années 70. Il n’a d’ailleurs bénéficié que d’un bref sursaut de 30 ans, car, le mode de production sortait à peine d’une crise profonde dans les années 30, crise qui ne s’est achevée qu’avec la guerre. L’immense destruction du capital qu’elle a causée, ainsi que les avancées technologiques qu’elle a permis, ont donné l’opportunité d’un nouveau cycle d’accumulation sur la base d’un appareil de production modernisé et régénéré. Cumulé aux besoins de reconstruction rapides, à l’extension des secteurs d’activité, notamment du fait des besoins d’administration croissants du capital, mais aussi de stratégies d’ouverture des marchés, et de l’application de procédés d’obsolescence programmée et sociale, permettaient une aire temporaire de plein emploi. L’augmentation de la demande solvable, sur la base de l’extension et de la diversification des marchés, mais aussi du fait compromis fordiste (concessions imposées au patronnât pour des hausses de salaires), permettaient d’augmenter la masse de valeur produite, tandis que les politiques de capitalisme monopolistique d’Etat social rendaient possible une remontée des taux de profit des entreprises privées par l’absorption d’une partie des coûts de production (matières premières, énergie, transports) par l’Etat, via son monopole sur des secteurs stratégiques de l’économie. Mais cela ne pouvait qu’aller de pair avec des déficits publics croissants, financés à crédits, crédits non remboursables.

    La fin du fordisme, consistant dans la 3ème révolution industrielle (développement de l’informatique et de la micro-électronique, de la programmation et de la robotique), permettant d’énormes gains de productivité, et supprimant davantage de travail vivant, a aggravé encore la tendance à la baisse du taux de profit. Couplée à l’essoufflement du besoin de main d’œuvre à mesure que la reconstruction avançait, elle a provoqué le retour d’un chômage de masse croissant. De plus, l’endettement des Etats, du fait de politiques déficitaires à crédit, préparait les bases d’une nouvelle crise.

    Et la crise eut bien lieu, au milieu des années 70. Partant d’une crise dans le secteur pétrolier, elle menaçait de s’étendre à l’ensemble de l’économie monde. Hantés par l’épisode de la crise des années 30, les capitalistes ont à tout prix voulu l’éviter. La réponse qui en résulta fut une nouvelle augmentation des crédits (aux Etats, aux entreprises, aux ménages) et des masses de liquidités injectées dans l’économie (inflation). Cependant, ceci ne pouvait permettre une remontée des taux de profits, et donc stimuler l’investissement.

    La réponse capitaliste à une valorisation insuffisante du capital, à la baisse du taux de profit, consista dans le néolibéralisme : démantèlement progressif du capitalisme monopolistique d’Etat social (réduction du service publique, notamment postal, ferroviaire, hospitalier, éducatif, administratif), diminution de la protection social, gel ou baisse des salaires, hausse du temps de travail sans hausse de salaires (notamment défiscalisation des heures supplémentaires), allègement des prélèvements sociaux pour les entreprises et les fortunés, afin de les inciter à investir dans la production et créer des emplois.

    Cependant, ces politiques pour faire remonter les taux de profits, ont engendré de nombreux problèmes. Tout d’abord, un affaiblissement de la demande solvable, du fait du chômage et des attaques sur les salaires. Ensuite, une multiplication des crédits à la consommation, dont nombre d’entre eux se sont révélés non solvables. De ce fait, les difficultés d’écouler les marchandises ont provoqué une réticence des investisseurs à placer leur argent dans la production. Les incitants soit à thésauriser ou à se lancer dans la finance et la spéculation, soit à délocaliser leurs entreprises dans des pays où le faible prix de la main d’œuvre permettrait de faire remonter le taux de profit (pour les segments légers de la production), soit à investir dans des gains de productivité plus avancés pour capter les surprofits (pour les segments lourds de la production) et donc a supprimer encore davantage de travail vivant, provoquant une situation de surproduction et d’insuffisance de demande solvable.

    L’évolution du capitalisme, depuis l’après crise de 1974, n’a été qu’une succession de brèves relances avortées, de récessions, de stagnations, de micro-crises de plus en plus rapprochées (Krach de 1987, crise monétaire et récession en 1993, crise financière de 1997, éclatement de la bulle internet en 2002, grande crise financière partant de l’éclatement de la bulle immobilière en 2008, puis en 2015 en Chine, puis crise pétrolière en 2016). Face à la dernière crise en date, les politiques des Etats et des manques n’ont consisté qu’à multiplier les crédits et à mettre en place des politiques d’austérité, sans que rien ne change fondamentalement, si ce n’est une situation qui tend à s’aggraver davantage.

    Une limite absolue

    Il est à noter que Marx a pointé une limite théorique absolue de la valorisation du capital : il s’agit de l’hypothèse selon laquelle tout le travail vivant, disons le travail vivant dans l’industrie (poumon de l’accumulation du capital) serait remplacé par des machines.

    Cette hypothèse tend à devenir de plus en plus probable avec les progrès de l’automation – remplacement du travail manuel et intellectuel par la machine (usines entièrement automatisées, intelligences artificielles). Se poursuivant, la course à la productivité – qui constitue la cause de la crise de valorisation – tend à supprimer la source même de la valeur (le travail vivant). Elle tend, tout d’abord, à la supprimer dans les secteurs principaux de la valorisation du capital – la grande industrie (production de moyens de production et de biens de consommation). Sans cela, c’est tout l’édifice capitaliste, qui est dépendant des prélèvements sur la valeur, ou des captations de la valeur produite, qui se trouve menacé : l’Etat, les banques, la finance, l’économie des services. La tendance à la suppression du travail vivant se trouverait d’autant plus renfoncée que les procès d’automation appliqués à l’industrie le sont également à de nombreux autres secteurs d’activité (par exemple agriculture, services).

    Il en résulte que si le capitalisme tend à supprimer la majorité du travail vivant, il se retrouverait face à sa borne historique : des entreprises qui produisent sans travailleurs et des consommateurs sans argent pour les acheter.

    Cette hypothèse n’est pas certaine. Elle dépend des découvertes et innovations scientifiques. Or la découverte n’est pas garantie, ni le moment où elle intervient. Le facteur culturel, ainsi que politique, peut jouer un rôle, même s’il se confronte à la logique du capital qui pousse dans un certain sens, et peut engendrer un effondrement social prématuré. Or déjà avec la tendance actuelle et la grappe d’innovation en cours en matière d’innovation, la valorisation du capital, même si elle n’est pas en mesure de supprimer tout le travail vivant, semble prendre la forme d’une courbe asymptotique (qui se rapproche de sa borne sans jamais l’atteindre totalement), provoquant des catastrophes sociales de plus en plus importantes, et sapant les bases de valorisation centrales du capitalisme (le travail industriel de masse). En effet, les grandes concentrations ouvrières ne sont possibles, dans des conditions de valorisation capitalistiquement acceptables, que si la masse salariale reste inférieure à son équivalent en capital constant. Or le coût du capital constant tend lui-même à diminuer (les machines étant de plus en plus produites avec des machines et sans travail vivant, leur valeur diminue). Il en découle que les segments légers de la production (faible capital constant) sont délocalisés dans les pays les plus pauvres (main d’œuvre moins chère), tandis que les segments lourds (capital constant élevé) sont rapatriés dans les pays riches, mais sous la forme d’usines hyper robotisées. De ce fait, le capital se trouve dans une situation paradoxale : quand bien même il trouve moyen de faire produire à des prix toujours plus bas, les prix de vente (donc les profits/surprofits) sont réduits du fait de la hausse du chômage dans les pays riches. L’alternative capitaliste semble osciller entre Germinal et Tripalium (série TV Arte, où il y a 80% de chômeur et 20% d’exploités).

    Mais même avant d’en arriver là, le capitalisme pourrait bien, du fait de l’accélération systémique générale (productivité, production, circulation des marchandises, des capitaux, des capitaux financiers, de l’endettement de masse non solvable) buter face à la conjugaison de l’ensemble de ses contradictions commerciales, industrielles, monétaires et financières, face à l’épuisement de l’efficacité de ses modes de régulation et l’impossibilité d’en trouver de nouveaux.

    Ici, soit le capital ne parvenant pas à se valoriser serait périodiquement détruit… puis rapidement régénéré avec le processus concurrentiel : usines automates plus rentables qu’usines fordistes,  détruites à court-moyen terme, jusqu'à ce que la classe dominante décide éventuellement de sortir de la valorisation et du capitalisme pour créer un modèle d’exploitation sans valorisation, comme il en existait dans les sociétés précapitalistes ; soit de nouveaux rapports de production et de distribution seraient nécessaires : la production collective et démocratiquement planifiée, la distribution non marchande des biens et services produits, la distribution gratuite de la production automate – c'est-à-dire le communisme.

    Le communisme

    Le « communisme » dont il est ici question n’a rien à voir avec les dictatures totalitaires, ni avec les formes de collectivismes d’Etat doublées de marchés intérieurs et de concurrence internationale. Il ne s’agit pas non plus d’un terme signifiant une surenchère de radicalité type, « plus à gauche que la gauche », « 100% à gauche », d’une démarche qui se limite à toujours demander plus pour les plus modestes et moins pour les riches, que ne le font les programmes réformistes de capitalisme moralisé, d’économie sociale de marché. Il s’agit d’une rupture fondamentale avec le mode de production et de distribution capitaliste, ses catégories fondamentales : Propriété privée, concurrence, marché, marchandise, argent, valeur, survaleur, salaires, prix, profits. Quel type d’organisation sociale de la production et de la distribution permettrait alors une telle rupture ? La réponse découle de l’analyse des causes des inégalités, du chômage, de la misère, des faillites et des crises sous le capitalisme. Ainsi, ce n’est pas par pure curiosité intellectuelle que nous avons exposé ici les principales conditions des crises du capitalisme, mais pour y découvrir les conditions concrètes de l’émancipation.

    En fonction de ce que nous avons analysé, concernant les crises commerciales, monétaires, financières, industrielles, il relève que le problème de fond dépend du couple propriété privée des moyens de production et distribution marchande de la production. En découle, d’une part, des difficultés commerciales, car la vente des marchandises, en soi et dans certaines conditions de profitabilité, est à la fois nécessaire et non garantie pour les producteurs, créant des inégalités, du chômage, des faillites, et pouvant dégénérer dans une crise. D’autre part, et bien évidemment, un contrôle des capitalistes sur les conditions de production dans leurs entreprises, à la base d’inégalités économiques ; Ensuite, des incitations aux gains constants de productivité, au remplacement de l’humain par la machine, dévalorisant les marchandises produites, créant du chômage, et renforçant les inégalités et le pouvoir patronal (pression à la baisse des salaires, intensification du travail). Il en découle également des difficultés commerciales renforcées, et donc des risques de faillite. Il en découle encore des formes de concurrence, de replacement du travail vivant, renforçant la dégradation des conditions de travail, accélérant les dynamiques de crises. Enfin, les difficultés du mode de production réel tendent à étendre la crise aux sphères bancaires et financières.

    De ce fait, les conditions d’une société émancipées résident dans :

    - L’association de tous les producteurs entre eux et la mise en commun de tous les moyens de production, afin de permettre d’organiser démocratiquement la production, selon un plan concerté. Bien évidemment, il ne s’agit pas que toute la société gère toute la production, mais d’un mode d’association subtile, évitant les concurrences, les inégalités, et permettant de produire en fonction des besoins des individus et non du capital. La mise en commun des moyens de production concerne les moyens de production utilisés sous le capitalisme, à des fins commerciales. Cependant, les individus pourront conserver la propriété de moyens de production destinés à l’autoproduction et à la consommation personnelle ou au don.

    - Le fait de disposer d’un droit d’accès égal à la production, en contrepartie d’un temps de participation égale à la production commune. Il ne s’agit pas de rechercher une consommation homogène. La consommation sera nécessairement diversifiée, les besoins à la fois inégaux en quantité et différents. Mais le but est de permettre à chacune et chacun, en fonction de sa volonté, d’accéder à un niveau de consommation moyen, en contrepartie d’une participation moyenne à la production sociale.

    - L’abolition de l’échange marchand et de la monnaie, remplacés par de nouveaux modes de distribution. D’une part, il s’agit de renforcer la planification démocratique, notamment par la voie de recensements, des commandes, des estimations sur la base des besoins connus et de leurs évolutions présagées, ainsi que par la possible mise en place d’outils de retraits de la production : bons de commandes remplaçant les fiches de paie, cartes attestant de droits d’accès aux biens et services produits sur la base de la carte vital plutôt que de la carte de crédit.

    - L’abolition des banques et de la finance. Les banques n’ont pour but que de gérer l’émission de la masse monétaire et d’accorder des crédits. Avec le communisme, il ne s’agirait plus de gérer de la monnaie, mais des besoins de production et de moyens de production, le recensement des temps d’activité, des produits distribués. Les banques n’auraient alors plus aucune utilité et seraient remplacées par d’autres services administratifs. Quant à la fiance, étant basée sur la détention de titres de propriétés (actions et obligations), consistant à s’accaparer par ce moyen une part des richesses produites,  et impliquant l’échange des titres de propriété, elle n’aurait plus aucun sens dans une société où la propriété aurait été abolie, serait devenue commune et démocratique.

    - La réduction du temps consacré aux activités sociales de production et le développement de la formation, afin de développer la polyvalence et la possibilité de changer d’activité.

    - La décision démocratique concernant l’articulation entre l’évolution du niveau de productivité et l’introduction des technologies plus productives, et leur coordination avec la formation/requalification aux nouvelles activités et activités restantes ainsi que la nouvelle répartition des temps d’activités qui en découle.

    Ces bases, émanant de la démocratie des producteurs associés, et de leur organisation consciente et concertée de la production, permettraient une société bien plus égalitaire, libre, émancipatrice et sécurisée, du fait qu’elle supprimerait le chômage, l’exclusion, la misère, les faillites et les crises.

     

    Pour aller plus loin :

    Wayne Price, L’économie de Marx pour les anarchistes (Traduction provisoire, par Floran Palin)

    http://espritcritiquerevolutionnaire.revolublog.com/l-economie-de-marx-pour-les-anarchistes-wayne-price-a119591750

    Ø       Une bonne entrée en matière, mais une analyse de la valeur et des crises trop incomplète.

     

    Alain Bihr, La reproduction du capital-Prolégomènes à une théorie générale du capitalisme, tome I,

    Alain Bihr, La reproduction du capital-Prolégomènes à une théorie générale du capitalisme, tome II,

    Ø       Très complet et rigoureux, mais difficile d’accès pour une première lecture. A lire en particulier les chapitres 18 et 16 du tome II, sur les crises et la limite du mode de production capitaliste.

    Alain Bihr, La Logique méconnue du Capital,

    Ø       Plus court, mais moins complet que les précédents, notamment concernant l’analyse des crises.

     

    Ernst Lohoff, Norbert Trenkle, La Grande Dévalorisation – Pourquoi la spéculation et la dette de l’Etat ne sont pas les causes de la crise.

    Ø       Une analyse de l’influence des gains de productivité comme source de la crise et de la croissance du capital fictif et de la dette comme mécanismes compensatoires aujourd’hui arrivés à saturation.

     

    Karl Marx, Le Capital, Livres I, II et III (à lire ensemble)

    Karl Marx, Grundrisse (bon complément au capital, notamment le passage sur les machines et les limites du mode de production capitaliste)

    Karl Marx, Salaires, Prix, Profits (à lire en complément, mais largement incomplet en soi)

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