théorie critique et émancipation radicale
La première manière d’entendre la notion de direction est celle du « commandement ». L’organisation révolutionnaire est alors envisagée comme une intelligentsia ayant la charge de « chef de guerre », donnant des directives stratégiques et tactiques au mouvement de contestation sociale. En l’occurrence, l’histoire des contestations sociales permet de décerner assez rapidement les limites d’une telle approche : avant-gardisme éclairé, réification des sujets contestataires, transformés en données stratégiques, confiscation de la parole, définition de « fronts principaux » et de « fronts secondaires », stigmatisation et répression des formes de contestations « périphériques » comme revendications « petites bourgeoises », attitude autoritaire, forte hiérarchisation, et, au final, confiscation de démocratie et de la liberté au profit de l’ « efficacité ».
La seconde manière d’entendre la notion de direction est celle de l’ « orientation ». La fonction de l’organisation révolutionnaire consiste alors dans le fait de définir, un ensemble de perspectives un horizon, un monde possible, un projet de société, dans lesquels les différents mouvements de contestation pourront se reconnaître. L’orientation, en tant que projet fédérateur, permet de faciliter leurs convergences et leur coordination. L’organisation n’assume alors plus un rôle de commandement stratégique et tactique (tout au plus un rôle de conseiller), cette tâche étant confiée à un mouvement social autonome, émancipé vis-à-vis de l’emprise des appareils de pouvoir.