• Le Rassemblement National ne peut supprimer les crises économiques du capitalisme

    Le RN promet de résoudre les problèmes du chômage et du pouvoir d'achat de ceux qu'ils considère comme des Français. Cependant, il valide une structure économique et sociale dont une partie des éléments constitue la cause du problème lui-même. Quels sont-ils ? Pourquoi le chômage et la paupérisation reviendront-t-ils systématiquement avec le RN ? Quelles sont les solutions pour y remédier ?

     

    Le RN valide la propriété privée des moyens de production et la distribution par le marché

    Or ce couple implique la possibilité pour les acheteurs de choisir le producteur auprès duquel ils achètent, quand ils lui achètent, en quelle quantité, et dans une certaine mesure, avec une influence sur le prix de vente. La vente des marchandises n'est donc pas garantie en soi, ni dans le temps, ni dans l'espace, ni en quantité et a prix suffisant.

    De plus, le producteur n’est pas seul sur le marché. D’autres producteurs privés y sont présents. Certains produisent les mêmes types de marchandises que lui, mais pas nécessairement dans les mêmes conditions, et ne les vendent donc pas nécessairement au même prix. D’autres vendent des marchandises qu’ils essaient de faire passer pour plus nécessaires, quand la nature de la marchandise elle-même ne s’en charge pas elle-même (par exemple, il est plus vital et prioritaire d’acheter de la nourriture que de la déco). Du fait de la condition de producteur privé, chacun peut développer ses projets privés, pendre ses décisions privée

    Il n’existe aucune coordination entre cette myriade de producteurs privés pour garantir à chacun une part du marché, qui plus est une part stable, dans le temps et l’espace. Chacun est exposé au risque de ne pas vendre et que l’autre vende à sa place.

    Le producteur privé peut ainsi avoir travaillé en vain [avec au passage un gaspillage écologique] et ne pas être rémunéré pour son travail, ni être rémunéré à temps ou suffisamment. Il est exposé au risque du chômage et de la faillite. Et lorsque trop de producteurs sont sujets à ces problèmes, c'est la crise.

     

    Le RN valide la course à la productivité et à l'équipement technologique

    Or [hormis les critiques écologiques relatives à ce sujet en termes d'impact climatique, d'épuisement des ressources, de risques techno-sanitaires], ceci conduit à une diminution de la part de travail vivant nécessaire à la production de marchandises, donc une baisse du taux de profit.

    Celui-ci ne peut être compensée partiellement que de deux manières : une expansion exponentielle des marchés [on en revient encore une fois aux conditions de la crise écologique], ou par une accentuation du taux d'exploitation (attaques sur les salaires directs et indirects, hausses du temps de travail sans hausse de salaire, accentuations des cadences, et montée en charge de travail).

    Cette dernière démarche est celle adoptée par le néolibéralisme. Elle à notamment posé l'alternative entre une production massivement automatisée voire pilotée par des AI dans les pays développés (moins chère que de payer des salariés selon les standards salariaux de ces pays), ou la délocalisation vers des pays plus pauvres et à valeur monétaire faible, où la main d'œuvre est massivement sous-payée.

    Ces phénomènes combinés (progrès de l'automation et AI remplaçant de plus en plus de travail vivant, saturation et non-expansion des marchés, hausse du taux d'exploitation) s'alimentent mutuellement avec pour conséquence une diminution de la demande solvable ce qui favorise le travail en vain, le développement du chômage, des faillites, de la pauvreté et de crises sous des formes multiples (commerciales, bancaires, financières) et à déclencheurs multiples (scandale financier, catastrophe techno-sanitaire, pandémies, guerres).

     

    Le RN valide le protectionnisme économique

    Encore une fois, une impasse ! Le capital n'échappe pas à la loi de l'entropie. Comme tout système, lorsqu'il est fermé, il tends vers sa propre dégradation. Les capitaux individuels tendent à un certain point vers la saturation de leur marché solvable, notamment géographique. Leur survie et leur développement (ce qui va de paire : dans le capitalisme, si l'on ne se développe pas, un autre capital individuel va se développer, prendre l'espace et couler le premier) dépend de cette possibilité d'expansion. Ainsi, limiter les possibilité d'expansion au marché intérieur mène à une saturation rapide et accélère l'arrivée de la crise.

    D'autre part, les possibilités d'exportation se heurtent à la réaction des autres marchés nationaux : si un marché adopte une logique dissuasive en terme d'importations sur son territoire, les autres vont en faire de même : en compensation des exportations, ils vendront les produit importés plus chers. Et dans le cas d'un marché comme la France, qui exporte des biens à forte valeur ajoutée et des produits finis, et importe des matières première, ces dernières seraient importées plus chère, ce qui mènerait vers une hausse des prix, soit l'inflation.

     

    Le RN valide une société organisée en classe sociales, avec de fortes disparités socio-économiques

    La hiérarchie, sous ses formes multiples, y compris économiques, constitue pour lui un ordre naturel de la société. Les riches constitueraient le moteur économique de la nation. Il faudrait les inciter à investir leur argent dans la production sur le territoire national, et surtout ne pas les dissuader, au risque qu'ils investissent à l'étranger. Ainsi, une imposition plus importante des hauts revenus du travail et du capital, la lutte contre la fraude, les niches et autres paradis fiscaux, ne constituent pas le cœur de son programme. Ces politiques seraient aussi dommageables selon le RN, car elles dissuaderaient les riches de consommer sur le territoire, ce qui nuirait au développement de la production.

    Tout ceci est faux !

    Il n'y a pas d'ordre naturel de la société. La société est un construit en mouvement, fruit des rapports de forces entre classes tout au long de l'histoire. Certaines sociétés dans le monde et dans l'histoire ont développé des formes de pouvoir et de partage bien plus horizontales.

    Le contexte macro-économique de récession et de crises enchaînées depuis 50 ans, fruit des mutations technologiques du capitalisme à la base d'une crise de valorisation, créée un problèmes de débouchés solvable à l'échelle mondiale, qui dissuade d'investir dans la production et de développer l'emploi. Ceux qui ont l'argent préfèrent le placer dans l'actionnariat (ce qui alimente l'inflation de la valeur fictive des titres de propriété et les bulles spéculatives) et sur des comptes en banques (défiscalisées au possible).

    Les riches sont peu nombreux et épargnent donc plus qu'ils ne consomment, et il n'est donc pas spécialement intéressant de développer l'industrie du luxe. Une taxation plus importante de leurs fortunes aurait pour effet de diminuer leur épargne, et de simplement modifier la structure de la production : davantage de bien de base en proportion des biens de luxe. Tout au plus il en résulterait une mini-crise passagère de restructuration liée à un rétrécissement de l'industrie du luxe tandis que celui des biens de base ne se serait pas encore pleinement développé, qui pourrait être amortie par la taxation, les ventes sur les marchés extérieurs.

    Ceci ne supprimerait bien entendu pas les conditions de la crise systémique du capitalisme, mais ne l'aggraverait pas non plus.

     

    Le RN postule que la lutte contre l'immigration pourrait solutionner le problème du chômage

    Encore une fois c'est faux !

    D'une part, l'immigration n'a pas grand chose à voir avec les causes du chômage, de la baisse du pouvoir d'achat et des crises évoques ici, et ne seraient d'aucun recours.

    Les conditions structurelles et la dynamique systémique du capitalisme (propriété privée des moyens de production, marché, recherche de productivité et automation) créent et alimentent une dynamique de paupérisation et de chômage croissant.

    D'autre part, si l'immigration se stoppait et que des personnes étaient déchues de nationalité et expulsées, le chômage et le paupérisme reviendraient quand même, et le RN désignerait, à l'image des attaques qu'il profère déjà contre certaines catégories de personnes, une autre catégorie de boucs émissaires : LGBTQI+, Woke, religion jugée indésirable, "assistés" au RSA,, fainéants, non-méritants, syndicalistes, militants politiques.

    Ceci n'aurait aucun effet sur les problèmes systémiques du capitalisme et il leur faudrait toujours inventer une nouvelle catégorie de responsables pour éviter d'incriminer le système lui-même.

     

    Le RN ne peut donc pas venir à bout des crises

    Seule la propriété commune des moyens de production et la planification démocratique, le peuvent... c'est-à-dire le communisme !

    Le communisme ne surgira pas en un jour.

    Cependant, certaines mesures redistributives peuvent solutionner à la marges les problèmes de pénurie de demande solvable et permettre de dégager un laps de temps nécessaire pour la transition.

    D’autre part, des mesures type péréquations financières entre entreprises, socialisation des recettes et des revenus, des banques, participation accrues des salariés aux décisions des entreprises, passages en SCOP et associations de SCOP entre elles, pourraient faire office de mesures de pré-constructions préparatoire vers le communisme.

    En cela, le programme du Nouveau Front Populaire, et celui de l'Avenir En Commun de l’Union Populaire/LFI de 2022, bien que dans une large mesure Keynésiens-Fordistes (dont les limites évidentes et les nécessités de dépassement doivent être comprises au préalable par le plus grand nombre), peuvent être soutenus en tant que programmes de court termes, en vue de préparer la transition vers le communisme.

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