• Dans une série de fiches antérieures, j’ai exposé les différentes dimensions du concept de capital tel que Marx le déploie dans sa critique de l’économie politique, concept qui nous est ainsi apparu dans toute sa richesse mais aussi dans toute sa complexité (Bihr, 2009, 2010a, 2010b, 2011, 2012). Le capital est tout d’abord ce singulier rapport social de production basé sur l’expropriation des producteurs des moyens de production, la transformation de la force de travail en marchandise et la formation d’un surtravail sous forme de plus-value. Valeur en procès, c’est-à-dire valeur capable de se conserver et de s’accroître en un incessant processus alternant production et circulation de marchandises, il rend ainsi possible de nouvelles formes de l’autonomisation de la valeur qui culmine dans le capital financier, sous sa double forme de capital de prêt et de capital fictif. Le capital prend ainsi finalement la forme d’un pouvoir qui plie tous et tout aux exigences de sa reproduction : la forme d’une puissance sociale aliénée et aliénante qui se soumet la société elle-même, la forme d’une médiation sociale autonomisée, la forme d’une communauté humaine réifiée.

    A différentes reprises au cours de ces développements, il a été mentionné que, comme valeur en procès, le capital prend des apparences fétichistes qui se renforcent au fur et à mesure que se consolide l’autonomisation de la valeur dans le cadre et sur la base des procès de production et de circulation du capital. Il s’agit dans cette fiche de comprendre comment ces apparences fétichistes imprègnent les représentations courantes du capital, qu’elles soient vulgaires ou savantes.

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  • Depuis plus d’une quinzaine d’années, Bernard Friot poursuit une réflexion originale sur le devenir historique et l’avenir du salariat, dans laquelle il a accordé une place importante à l’avènement de la cotisation sociale[1], ce qui lui a donné l’occasion d’intervenir de manière remarquée dans le débat qu’a suscité en France la «réforme» des régimes de retraite en 2010[2]. Dans son dernier ouvrage[3], il reprend et radicalise certaines des thèses déjà développées précédemment tout en en explicitant davantage les fondements théoriques. Ce qui permet aussi de mieux en apprécier la portée mais aussi de marquer les points de désaccords. Cela implique cependant de suivre sa démarche pas à pas, au prix de quelques détours théoriques inévitables.

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  • Le sociologue Bernard Friot connaît un succès important au sein de la gauche depuis quelques années avec des livres comme L’enjeu des retraites (2010) et L’enjeu du salaire (2012). Dans un article intitulé «  Universaliser le salaire ou supprimer le salariat ? A propos de L’enjeu du salaire de Bernard Friot   », publié en juin 2013 sur le site À l’encontre, notre ami Alain Bihr, sociologue et spécialiste de Marx, conteste les propositions de Bernard Friot (voir encadré ci dessous).

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  • Les questions relatives à la propriété et à la rente foncières n’intéressent plus guère que quelques économistes et historiens. C’est d’autant plus curieux que celles liées à la maîtrise et la gestion du sol (des terres arables par exemple), du sous-sol (les richesses minières en hydrocarbures et en métaux) et du sursol (le logement et le bâti en général) sont pourtant au cœur de quelques-uns des problèmes écologiques, économiques et sociopolitiques les plus brûlants. Sous ce rapport comme sur bien d’autres, une (re)lecture du Capital [1] peut s’avérer particulièrement utile.

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  • Introduction

    Telles des divinités tutélaires, ils planent au-dessus de « nos » économies, de « nos » États, de nos vies en définitive. Leurs oracles, qui ont noms journalistes et économistes, nous en disent quotidiennement les humeurs. Car il leur arrive d’être confiants et même euphoriques, ou au contraire attentistes, fébriles, inquiets voire paniqués. Sévères, ils exigent du commun des mortels qu’ils se soumettent à leurs décrets et leur sanction est redoutée. Mais qui sont-ils ? « Les marchés » bien sûr ! Entendons : les marchés financiers et leurs opérateurs que sont les banques, les compagnies d’assurance, les fonds de placement, les fonds de pension, les fonds souverains, etc.

    Pour qui veut comprendre de quoi il en retourne, ce qui est aujourd’hui d’une grande nécessité et urgence, le détour par le concept de capital financier, dont ces marchés et opérateurs ne sont que des manifestations, s’avère indispensable. Et, une fois encore, l’essentiel en a été dit par Karl Marx, en l’occurrence dans la section V du Livre III du Capital [1].

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