• Afficher l'image d'origineLe livre est une série d’échange de points de vue entre Serge Latouche et Anselm Jappe, à l’occasion de plusieurs conférences organisées entre 2011 et 2015.

    Serge Latouche n’est plus à présenter. Economiste de formation, et auteur de nombreux travaux, il est l’un des principaux théoriciens de la décroissance.
    Anselm Jappe est philosophe et membre du courant critique de la valeur (Wertkritik), courant connu à travers les revues Krisis, Exit !, Sortir de l’économie, et des ouvrages comme Manifeste contre le travail et La Grande dévalorisation. Ce courant se propose de procéder à une relecture de Marx, mettant davantage en avant sa critique radicale du capitalisme, de sa dynamique de crise et du fétichisme de ses catégories fondamentales (économie, valeur, marchandise, travail, argent, Etat).

    Globalement, comme l’indique son titre (Pour en finir avec l’économie), il y a un consensus dans tout l'ouvrage sur la dimension spécifiquement historique de l’apparition de l’économie et du capitalisme, contre les tentatives de les faire apparaître comme transhistoriques et éternelles, ainsi que sur la nécessité de sortir de l'idéologie de la croissance et des catégories fondamentales de l'économie tel qu’on la connait. Il y a également consensus global en ce qui concerne l’insoutenabilité des modes de production contemporains et la nécessité de les transformer radicalement.

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  • Publié sur le site A l'encontre, le 20 octobre 2015
     
    Par Alain Bihr

    Le capitalisme n’est aujourd’hui toujours pas sorti de la crise structurelle dans laquelle il est entré au milieu des années 1970, ce qui en fait d’ores et déjà la crise la plus longue de son histoire pluriséculaire. La mise en œuvre méthodique par la grande majorité des Etats (notamment des Etats centraux) tout comme par les instances de gouvernance supranationales (FMI, OMC, Banque mondiale, Union européenne, etc.) des politiques néolibérales a certes permis à partir des années 1980 de redresser significativement la profitabilité du capital, au moins au sein des grands groupes industrialo-financiers opérant sur le marché mondial. Mais elles ont ainsi instauré un régime d’accumulation  à dominante financière et à faible régulation fondamentalement instable, la poursuite de l’accumulation venant périodiquement se heurter à l’insuffisance de la demande finale (du fait en dernière instance de la croissance insuffisante, de la stagnation voire de la régression des salaires réels).

    Du coup, elles ont aussi donné naissance à des emballements non moins périodiques de la spéculation (au gonflement du capital fictif venant relayer la croissance poussive du capital réel), soit à la constitution de bulles éclatant en de retentissants krachs – la crise dite des prêts subprime (2007-2009) n’étant que le dernier épisode en date de ce processus. A chaque fois, le sauvetage de la partie du capital financier ainsi failli se fait au détriment des finances publiques (dont la situation en conséquence s’est dramatiquement aggravée) et du capital industriel et commercial, conduisant à de nouvelles vagues de licenciement, de nouvelles agressions contre le salariat (niveau des salaires directs et indirects, conditions d’emploi, conditions de travail). Et les effets de l’austérité budgétaire se conjuguant du coup à ceux de l’austérité salariale pour aggraver la crise chronique due à l’insuffisance de la demande finale, ce parfait cercle vicieux prépare en conséquence de futurs épisodes de crise budgétaire et financière et accroît la nécessité pour le capital (entreprises et gouvernants) de s’en prendre encore plus durement aux salariés et, plus largement, aux couches populaires, en dégradant davantage encore leurs conditions d’existence et en réprimant plus durement toute résistance de leur part1.

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  • A l’occasion de la Cop 21, les politiques et les industriels s’enthousiasment sur les possibilités de relance économique et de création d’emploi ouverte par le problème climatique. Si l’inconséquence écologique des mesures des gouvernements et plus largement du développement durable, tel qu’il est appliqué dans les sociétés capitalistes, tend à être admise par les mouvements sociaux, ces politiques de développement durable n'ont pour but évident que de permettre l’obtention de quelques points de croissance et la diminution de quelques point du taux de chômage afin d’appâter les électeurs. On ne parle donc que très peu de l’inconséquence des mesures de relance économique par l’ouverture de marchés climat et écolos. La croissance verte est-elle économiquement possible ? Beaucoup de choses permettent d’en douter. Pourrait-elle s’inscrire dans le long terme ? Probablement pas.

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  • 1.

       La production sociale dans la société capitaliste a lieu, on le sait, sous la forme d’une production de marchandises. Marx a donc tout à fait raison de voir dans la marchandise la « forme élémentaire » de la richesse capitaliste et de choisir son analyse comme point de départ de sa critique de l’économie politique. La plupart des économistes ne savent absolument pas quoi faire de cette approche théorique. Ils considèrent le fait que les gens établissent leur socialité par l’entremise de la production et de l’échange de marchandises, c’est-à-dire par l’entremise de marchandises entrant en relation entre elles socialement, comme un truisme anthropologique. Pour eux, un être humain n’est jamais rien d’autre qu’un producteur privé en puissance, qui fabrique des choses dans le but de les échanger avec d’autres producteurs privés, tout en gardant continuellement à l’esprit ses propres intérêts particuliers. La différence entre la production de richesse dans la société capitaliste moderne et dans les communautés traditionnelles devient du même coup une simple différence de degré, censée se limiter au fait que la division sociale du travail est aujourd’hui infiniment plus développée, en raison à la fois du progrès technique et de la judicieuse découverte par les hommes que leur productivité s’accroît à proportion de la spécialisation des tâches.

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